le clairon Paul Deroulede
Carte postale journées du Poilu 31 octobre-1 er novembre 1915. Le clairon « les chants du soldat » par Paul Deroulede. Les journées du Poilu avaient lieu à des dates fortement symboliques (Toussaint Noël) dans le but de sensibiliser les civils aux problèmes rencontrés sur le front et de récolter des fonds indispensables pour poursuivre les combats. La journée du Poilu fut instauré dés 1914.
L’air est pur, la route est large,
Le Clairon sonne la charge,
Les Zouaves vont chantant,
Et là-haut sur la colline,
Dans la forêt qui domine,
Le Prussien les attend.
Le Clairon est un vieux brave,
Et lorsque la lutte est grave,
C’est un rude compagnon ;
Il a vu mainte bataille
Et porte plus d’une entaille,
Depuis les pieds jusqu’au front.
C’est lui qui guide la fête
Jamais sa fière trompette
N’eut un accent plus vainqueur;
Et de son souffle de flamme,
L’espérance vient à l’âme,
Le courage monte au cœur.
On grimpe, on court, on arrive,
Et la fusillade est vive,
Et les Prussiens sont adroits
Quand enfin le cri se jette:
» En marche! A la baïonnette! »
Et l’on entre sous le bois.
A la première décharge,
Le Clairon sonnant la charge
Tombe frappé sans recours;
Mais, par un effort suprême,
Menant le combat quand même,
Le Clairon sonne toujours.
Et cependant le sang coule,
Mais sa main, qui le refoule,
Suspend un instant la mort,
Et de sa note affolée
Précipitant la mêlée,
Le vieux Clairon sonne encor.
Il est là, couché sur l’herbe,
Dédaignant, blessé superbe,
Tout espoir et tout secours;
Et sur sa lèvre sanglante,
Gardant sa trompette ardente,
Il sonne, il sonne toujours.
Puis, dans la forêt pressée,
Voyant la charge lancée,
Et les Zouaves bondir,
Alors le clairon s’arrête,
Sa dernière tâche est faite,
Il achève de mourir.