Dans une page des Feuilles de route restée célèbre, Paul Déroulède évoque les débuts de sa conversion au nationalisme, qui le laissait jusqu’alors indifférent. La scène se déroule peu après la déclaration de guerre en 1870. Paul Déroulède se promène à la campagne avec une amie :
« Je me souviens qu’un vieux paysan, qui avait son fils sous les drapeaux, eut l’indiscrétion de troubler notre tête-à-tête pour me demander, avec anxiété, quand les troupes partiraient.
J’eus l’impudence de lui répondre : « Est-ce que je sais ! »
Le regard de mépris que me lança cet homme entra dans mes yeux comme un éclair […] le reproche silencieux de ce père de soldat, dissipa ma torpeur et commença le réveil de ma conscience de Français.
Je sentis que je venais de manquer à la solidarité qui m’unissait, avant tout et malgré tout aux hommes de mon pays.
Pour la première fois, ma prétendue philosophie humanitaire m’apparut comme une apostasie et mon égoïsme amoureux comme une désertion.
La cruauté de ma réponse se révéla à moi dans toute sa vilénie. J’eusse voulu en demander pardon sur l’heure au vieillard, mais il nous avait brusquement tourné le dos, et nous étions de nouveau seuls sur la route […] un grand pas était fait sur mon chemin de Damas. »
Mais il est surtout connu pour les Chants du soldat (1872), le plus connu des chants est « Le Clairon » poèmes dans lesquels il exprime un glorieux patriotisme intransigeant, c’est l’idée de revanche sur l’Allemagne qui l’inspire.
Le clairon en cinq cartes postales.
L’air est pur, la route est large,
Le Clairon sonne la charge,
Le Clairon est un vieux brave,
Et lorsque la lutte est grave,
On grimpe, on court, on arrive,
Et la fusillade est vive,
Et cependant le sang coule,
Mais sa main, qui le refoule,
Puis, dans la forêt pressée,
Voyant la charge lancée,