France quand même
C’est un média universel dans la guerre de 1914 que la chanson devient un front moral dans la bataille. Par une méthodique censure, les autorités aident à encourager la chanson patriotique souvent sans nuances, censée animer les «poilus » du front, et maintenir pour l’idée d’une guerre héroïque et bien vécue par les soldats et nécessaire pour les Français. Toutes les nouveaux textes de chanson, mais aussi ceux existants, sont soumises à un examen préalable des services de police.
Les chansons écrites en France au cours de la première Guerre mondiale sont toutes déposées aux archives de la Préfecture de police de Paris, du fait de la censure préalable.
France quand même
- Air: Sous les Ponts de Paris.
1er couplet
- Guillaume qu’est un lâche,
- Croyait, par la terreur,
- Simplifier sa tâche.
- Il fait un’ grosse erreur.
- D’Môns à Roubaix, d’Lille à Calais,
- Au bruit de ses canons l’sol tremble.
- Mais de nos cœurs, jamais la peur
- Des batt’ments n’a troublé l’ensemble.
refrain
- Au contraire, tous unis,
- Avec nos bons amis
- De la Belgique et d’ia fière Angleterre.
- Si nous r’culons, c’est qu’il est bon de l’faire
- On n’est pas des froussards,
- Encor’ moins des vantards.
- A l’heur’ de vaincre on n’sera jamais d’trop.
- Ménageons nos héros.
2ème couplet
- Pourtant chaqu’ jour succombe
- Chez nous, en attendant,
- Plus d’un brav’ dont la tombe
- Rend veuve ûn’ pauvr’ maman.
- Fait orphelin un chérubin
- Un être innocent, un bel ange.
- C’est dur vraiment, mais chez l’All’mand,
- La mêm’ chose arriv’. Ça nous venge !
refrain
- Oui, mais c’qui est l’plus dur
- C’est de voir à Namur,
- A Charleroi, à Louvain, à Marchiennes,
- Les femmes Belg’s, comm’ les Alsaciennes-.
- A Mulhous’ par trois fois,
- Entraînées dans les bois
- Par les bandits, sans qu’hélas ! à leurs cris
- Puissent venir leurs maris.
3ème couplet
- Bref, l’instant est critique
- Mais non désespéré.
- L’heure est grave et tragique
- Mais l’av’nir assuré.
- Les Allemands,
- Prenant l’devant,-
- Sont rentrés à Liège, à Bruxelles.
- Mais à l’envers
- Jamais d’Anvers
- Ils ne prendront la citadelle.
refrain
- Quant à prendre Paris,
- Ça, faut y mettre l’prix.
- Auparavant les Serbes iront à Vienne,
- Et les Cosaques à Berlin. En Lorraine.
- Avec nous les Anglais,
- Quittant Douvres et Calais,
- Se sont donnés rendez-vous à Strasbourg.
- C’est là qu’s’ra tué le vautour.